Paraty

6 septembre 2005

Après diverses tractations visant a définir le programme du week-end et sur les conseils de Jean-Louis, un ami des parents, il fut décide de ne pas tenter marathon en voiture sur la Costa Verde en visitant a la fois Paraty (village colonial, ancien centre d'expédition de l'or brésilien vers le Portugal) et Ilha Grande (une île paraît-il paradisiaque ou il faut faire du trekking et du farniente les pieds dans l'eau, et qui sera l'objet d'un autre voyage). Nous avons donc recentre l'expédition sur Paraty, avec la perspective de visiter aussi Trinidade, lieu renomme pour ses plages bordées de de palmiers et d'amandiers. Un voyage completement inedit ou j'ai decouvert la realite de paysages que je n'avais vu jusqu'alors que sur du papier glace ou lors du visionnage reveur de documentaires sur les mers du sud.

Jeudi

Après 4 heures de car depuis la Rodoviaria (gare routière) de Rio en direction de Paraty, nous avons donc debarque dans ce village dont le centre historique a des allures mexicaines avec ses rues pavees et nous nous sommes installes dans la pousada Lua Nova, notre lieu de retraite pendant ces quatre jours. Une pousada est un hôtel tres simple qui offre en general un petit dejeuner copieux, le tout pour une somme plus que modique. Bref, la proprietaire nous a accueilli pour 75 R$, ce qui equivaut grossierement a 25 euros pour trois nuits, dans des conditions tout a fait acceptables, vu que nous n'avons fait que profiter des lits. Un petit restaurant sympa le premier soir puis une ballade dans le centre historique et un petit pot avant que la pluie ne nous surprenne. Mais pas le petit crachin gentillet, une vraie pluie tropicale qui mouille bien, surtout que nous avons pris l'habitude de ne pas nous couvrir a l'exces tant le climat est doux ici. Bref, apres quelques instants d'attente a l'abri en attendant que ça se calme, nous avons pu regagner la pousada un peu humides, esperant que le temps s'ameliore pour le lendemain.

Vendredi

Le projet initial etait de louer les services d'un marin sur le port pour qu'il nous emmene faire une ballade le long des petits ilots granitiques de la baie de Paraty, ou eau claire et sable blanc sont en principe au rendez-vous. Mais le ciel charge de ce vendredi matin n'augurait rien de bon, et un plan de repli sembla preferable. Après un peu de concertation, la presence de chutes d'eau dans l'arriere pays rendut allechante l'idee de louer quelques bicylettes pour occuper notre apres-midi. Nous allâmes donc boucler notre ballade en bâteau pour le lendemain en discutant avec les differents marins sur le port et je fis un peu de forcing pour que la troupe choisisse Chico que Jean-Louis m'avait vivement conseille. Bien sûr, il n'etait pas celui qui offrait le prix le moins eleve, mais son bâteau semblait en bon etat et il nous etait recommande. De plus, choisir un marin moins cher aurait fait passer le prix de 100 a 70 R$ en tout, soit une economie de 10 euros, soit 1,25 euro par personne, une misere pour un "passeio" qui nous a coute au final un peu plus de 4 euros par personne... Après avoir trouve les velos, il fut temps de se jeter sur la route pour rejoindre la "Cachoeira de Pedra Branca", et la je dois dire que l'effort fut a la hauteur de la recompense : sous une bonne pluie, il nous fallut gravir de nombreuses côtes sur des chemins de terre boueuse agrementes de multiples pierres rendant le terrain tres glissant. Mais apres une bonne demi-heure d'efforts dans ces conditions plutôt difficiles, et apres s'etre acquitte du paiement d'un Real pour y acceder, une magnifique chute d'eau s'offrit a nos yeux conquis. Je me suis rappele l'emerveillement devant les paysages du film "La forêt d'emeraude", et ai constate avec enchantement que j'etais desormais dans le film! Paysage de forêt vierge, tout vert et humide avec cette petite bruine rafraichissant nos corps de cyclistes souilles et fatigues. Une baignade s'imposait et nous avons donc passe de longues minutes a nous laisser masser par les flots spectaculaires de la cascade, a nous prelasser dans les petits bassins naturels, a crapahuter de pierre en pierre... Et ultime plaisir, un repas dans le petit restaurant a proximite avec saucisses, frites, et un enorme Frango assado (blancs de poulets rotis) pour Philippe et moi. Mais cela merite une explication detaillee : dans cette region, les plats sont quasiment toujours pour deux, et les "garnitures" sont servies en quantites pantagrueliques. Ainsi, nous avions devant nous deux blancs de poulet chacun, 300 grammes de riz, un gros pot de haricots noirs en sauce, du farofa (farine de manioc agremente de diverses choses), quelques frites que nous avions commande en sus et... la petite salade pour faire passer. Bigre! Le tout pour un peu plus de 6 euros! Avec Philippe, nous aimons beaucoup ce pays... Puis nous reprîmes nos destriers d'acier pour redescendre sur Paraty, et nous pûmes mesurer l'inclinaison des pentes que nous avions gravies en nous laissant descendre a vitesse elevee sur les chemins ocre qui nous avaient menes vers ce coin de nature preserve et merveilleux. Une soiree paisible dans un restaurant ou je mangeai de bonnes crevettes grillees berce par le son de classiques bresiliens chantes avec douceur par la musicienne jouant ce soir-la : "O ariá raio, Oba, Oba, Oba / Mas que nada..."

Samedi

Il ne pleuvait pas, et la ballade en bâteau sembla donc realisable en cette matinee du samedi. Nous retrouvames donc Chico, petit homme a la peau burinee quasiment aussi noire que son debardeur a l'effigie de son lieu de naissance, non sans avoir achete un peu de Skol (biere bresilienne) et d'eau a placer dans la glaciere du bâteau. Donc, embarques tous les huit sur la Giovanna Netta, et malgre la grisaille persistante, nous commencions a nous extasier devant cette pleiade de petites iles granitiques et ces montagnes a la vegetation luxuriante se jetant dans la mer. Sûr de son fait, Chico nous fit mouiller a proximite d'un de ces ilots et nous annonça que nous allions voir du poisson. En regardant l'eau verte foncee (a cause du manque de soleil, car elle est sinon verte claire, "cristalina!" comme dit Chico...), j'avoue que j'etais un peu sceptique... Et la, il jette nonchalament quelques miettes de pains dans l'eau et une bonne vingtaine de "peixes" barioles apparaissent comme par enchantement. Bon, ok, je me tais. Puis nous sommes alles mouilles un peu plus loin, non sans avoir regarde longuement la petite ile de Catimbau. Ces quelques rochers jetes au milieu de l'eau, telles les petites îles des Seychelles que je n'ai vu qu'a la tele, nous ont arrache la meme reflexion. Christina, Philippe et Benoît : "Mais c'est l'île Playmobil!!!" Et effectivement, la petite passerelle de corde, les palmiers se dessinant derriere les rochers, et la petite cahutte au bout, tout etait reuni pour nous faire replonger dans les pirateries de notre enfance. Quelques petites escales sur des plages bordees de palmiers pour des baignades dans une eau verte comme je n'en avais jamais vu auparavant. Le tout avant d'aller deguster un succulent poisson grille et quelques crevettes dans un petit restaurant adosse a la rocaille dont l'acces se fait visiblement uniquement en bâteau. Je ne sais que dire de plus...

Dimanche

Deux groupes s'etaient constitues en ce dimanche matin. Ceux qui preferaient rentrer tôt a Rio (dont je faisais partie) et prendre le bus du retour a 15h20 et ceux qui preferaient demeurer un peu plus longtemps pour ne rentrer qu'avec le bus de 19h. Par voie de consequence, le premier groupe partit une heure avant pour attraper le bus pour Trinidade, minuscule village les pieds dans l'eau a 20km au sud de Paraty. Encore une decouverte extraordinaire. Toujours ces paysages de plages adossees a la montagne, cette eau verte sublime, et qui plus est, un soleil beaucoup plus present des les premieres heures du jour. Enfin, plaisir suprême, des petites vagues d' 1,20 metres qui deroulaient tranquillement dans ce cadre fabuleux. Philippe : "Benoît, la, il a une de ces bananes!" Et c'est vrai qu'en sortant mon materiel, je trepignais... Comme nous n'avions pas enormement de temps, je me suis fait une petite session de 30 minutes, au depart seul a l'eau, en regardant autant le paysage autour de moi que les vagues, emerveille, heureux. De plus, Alexandra s'est essaye a la photographie de surf et a reussi a immortaliser quelques manoeuvres, ce qui va meme me permettre de faire etalage de mes exploits! Apres nous etre rendus par des petits sentiers escarpes jusqu'a la piscine naturelle de Cabeza do Indio (tête d'indien), qui serait selon la legende un lieu choisi par les pirates pour dissimuler leur butin, il fut temps de rentrer vers Paraty. La tête pleine d'instantanes extraordinaires, que les cartes memoires pleines de nos appareils photo permettront de repreciser quand ces souvenirs commenceront a s'estomper.