Salgueiro

5 septembre 2005

Il y a une semaine, je suis allé faire un tour dans une école de Samba a Vila Isabel dans le nord de Rio, sur les conseils pressants de Pierre, un toulousain qui joue au rugby avec moi ici. Je dois dire que j'ai passe la, je pense, la meilleure soirée depuis que je suis au Brésil, en tout cas, celle, qui, a tout point de vue, fut la plus dépaysante, la plus intense, la plus apte a réveiller mes envies d'utiliser mon style emphatique (dédicace a un certain M. Luc...) pour la relater.

Nous sommes donc arrive vers 1h du matin avec Philippe, autre français de Dauphine (MSG2) en échange ici, dans une salle surchauffée toute parée de rouge et blanc, vacarme d'abord assourdissant pour nos oreilles parisiennes, mais auquel nous nous sommes rapidement accommodés, au fur et a mesure que la folie de la samba s'est empare de nous. Parfois, je me suis retrouve dans des concerts debout, ou je n'osais pas danser de peur du ridicule ou autre. A ce moment précis, je dois dire que mon inhibition n'a dure que de très courtes secondes. Pris en étau entre les chanteurs d'un côte et l'orchestre de l'autre, juche sur une estrade quasiment au plafond, le rythme irrésistible s'était empare de moi. Et alors la, en l'espace de quelques instants, festival : mon maillot du Brésil m'attire des nouveaux amis de partout, nous retrouvons Pierre et d'autres drôles de l'équipe de rugby (Junior le brésilien, Félix l'allemand, Adama le malien, des potes australiens a eux...), on commence a se mettre des tournées de bière tout en continuant de danser, nous suivons les gens qui dansent avec de petits fanions rouges et blancs, nous tentons d'imiter le pas pour faire le moins touriste possible...

Tous les gens dans la salle ont la banane jusqu'aux oreilles, et, comme toujours au Brésil, les plus jeunes et les plus vieux se mêlent dans la même joie de faire la fête. Même les murs semblent bouger sous les assauts des percussions. J'ai cru, la fatigue et l'alcool aidant, me retrouver dans une peña dacquoise ou l'on m'aurait colle une grosse caisse sur l'oreille gauche et un haut parleur avec les chanteurs sur l'autre. L'ambiance chauffe de plus en plus, c'est enivrant et inouï (au sens premier du terme...), et bien sûr, comme dans ces instants-la, des petites idées farfelues me passent pas la tête. J'aperçois un vieux bien souriant sur la scène, et je me dis : "Allez, je monte sur la scène!". Je me retourne vers Philippe, qui se marre bien quand je lui fais part de mon projet, et me regarde monter tel un vrai hooligan, tentant d'envahir la scène, palliant par mon envie la faiblesse de mon nombre unique, je prends par l'épaule mon nouveau pote l'ancien, barbu jovial et tout content de me voir arriver la, et nous esquissons (enfin, il danse, et j'esquisse) quelques pas de danse avant que l'un des membres de l'orchestre me fasse signe de redescendre, calmement mais fermement. Quinze secondes de folie! Je redescends, je suis encore assez bouillant, et une brésilienne qui passe par la se met en tête de me montrer que la samba peut aussi se danser en couple. Tolérante vis-à-vis de mes pitreries, elle ne se moque pas trop même si certains sourires ne trompent pas trop... Mais je crois que la morale est la, la samba, c'est avant tout de l'énergie, ou il faut combler le manque de technique par un peu de déchaînement!

Mais il est déjà l'heure de rentrer, car la copine de Philippe arrive demain matin a l'aéroport. C'était extraordinaire, inédit et paroxystique, je sens que nous allons revenir souvent et je ne sais pas si je vais résister longtemps a l'envie d'acheter le t-shirt officiel...